21 avril 2010

Istanbul : Seni Seviyorum! *



Chez les Kazanci, Turcs d'Istanbul, les femmes sont pimentées, hypocondriaques, aiment l'amour et parlent avec les djinn, tandis que les hommes s'envolent trop tôt - pour l'au-delà ou pour l'Amérique, comme l'oncle Mustafa. Chez les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux Etats-Unis dans les années 20, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché à son identité et à ses traditions. Le divorce de Barsam et Rose, puis le remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent l'indignation générale. Quand, à l'âge de vingt et un ans, la fille de Rose et de Barsam, désireuse de comprendre d'où vient son peuple, gagne en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son beau-père. L'amitié naissante d'Armanoush Tchakhmakhchian et de la jeune Asya Kazanci, la " bâtarde ", va faire voler en éclats les secrets les mieux gardés. Avec ses intrigues à foison, ses personnages pour le moins extravagants et l'humour corrosif qui le traverse, La Bâtarde d'Istanbul pose une question essentielle : que sait-on vraiment de ses origines ? Enchevêtrant la comédie au drame et le passé au présent, Elif Shafak dresse un portrait saisissant de la Turquie contemporaine, de ses contradictions et de ses blessures.


Ou comment se sentir chez soi, bien que n'ayant passé que quelques semaines en Turkiye.**.. Etre franco-arménienne et à la folie, aimer le pays de naissance de sa babaanne***.
J'ai aimé ce roman parce que le récit est mené d'une main maîtresse, parce que c'est un univers de femmes, parce que sans être un roman à suspens, on se laisse doucement bercer par l'intrigue familiale mais aussi parce qu'Elif Shakaf, loin des clichés stambouliotes préférés des européens de l'ouest, décrit une Turquie multiple, vivante, complexe - oui dans la même famille se côtoient des femmes qui mettent le foulard et d'autres qui ne le portent pas...
Peut-être que lire Istanbul me rappelle comme je m'y suis sentie bien, chez moi, malgré tout ce qui m'agace du haut de mes valeurs féministes et des mon mode de vie français; peut-être que lire La Bâtarde d'Istanbul me conforte dans l'idée que malgré les difficultés entre les deux peuples après tous ces morts en 1915, nos modes de vie sont si proches! Nous mangeons les mêmes choses, nos cultures sont mêlées et si j'allais en Arménie, je m'y sentirais certainement aussi proche de mes racines que lorsque je suis en Turquie.
On peut vivre ensemble, lorsque l'on regarde vers l'avenir.

J'ai trouvé dans ce roman le plaisir de convoquer Istanbul et les stambouliotes derrière mes paupières, mais j'ai pris aussi beaucoup de plaisir grâce aux qualités littéraires du roman. Les personnages sont attachant(e)s, et la saga familiale haletante!

* je t'aime
** en Turquie
*** grand-mère paternelle

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