24 février 2013

Delphine de Vigan


Beaucoup de billets "lecture" en perspective, dans le désordre!

J'ai beaucoup entendu parler de Delphine de Vigan, et le titre de son livre "Rien ne s'oppose à la nuit" m'attirait énormément, mais je devinais que le récit serait porteur d'une lourde charge émotionnelle.
Il est superbe. 



« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.


J'ai beaucoup aimé Rien ne s'oppose à la nuit, d'une part à cause du propos, qui est extrêmement touchant, mais surtout pour la façon dont Delphine de Vigan écrit avec entêtement et sensibilité la beauté et le terrible. On sent qu'elle avance dans son texte coûte que coûte, avec une justesse folle.  La construction est d'ailleurs tout à fait étonnante, puisque l'auteur fait irruption régulièrement dans son texte pour commenter et décrire le processus d'écriture. C'est un très beau livre, très fort, qui a imprimé ses images en moi pour longtemps.


C'est donc avec plaisir que j'ai reçu en cadeau No et moi de la part de mon amie L. ( un hasard puisqu'elle ignorait que j'avais Rien ne s'oppose à la nuit  dans mon Kobo!)







Le mot de l'éditeur : Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies. 
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. 
A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle. 
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. 
No, privée d’amour, rebelle, sauvage. 
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous



Petit opus que celui-ci, intense et drôle. La petite héroïne  Lou, porte des valeurs qui ont existé en chacun de nous enfant et que la vie a tôt  fait de refroidir... Un joli regard porté sur l'amitié et une écriture juste, subtile , pour mettre en mouvement l'idée que résister est un choix.

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