24 mai 2012

'Ta mère, Bernardo Carvalho






 "Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu'elles n'imaginent. C'est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut pas y avoir de guerre sans mères", déclare ici l'un des personnages.
Trois jeunes gens et leurs mères, des pères absents et des fils égarés : un conscrit en proie aux mauvais traitements de l'armée russe, un jeune Tchétchène à la recherche de sa mère, un voyou de bonne famille. Puis la rencontre d'une âme soeur, une chimère.
Une poignée de femmes essaient de sauver leurs fils de la guerre, de la solitude et du crime. Le tout à Saint-Pétersbourg, à la veille du tricentenaire de la ville, sur fond de guerre de Tchétchénie.
Les personnages semblent n'être à leur place nulle part dans leur famille ou dans leur pays, ce qui donne toute sa force à la figure de la chimère, aberration rejetée par la nature et par l'homme, projetée dans des amours absolues.
Les histoires s'entrelacent, Bernardo Carvalho orchestre une multiplicité de points de vue et de voix sans jamais perdre l'axe récurrent de la maternité et de son revers, le sentiment d'être orphelin, sans protection, déplacé, dont la guerre est la représentation la plus crue.
Un roman magnifique.


J'ai presque failli le poser à la dixième page. J'ai bien fait de perséver un peu, pour voir! Au début c'est le style qui me gênait, car trop de sous-entendus me mettaient dans la confusion... Cela ne change pas forcément jusqu'à la fin du roman, d'ailleurs, il faut souvent faire des liens soi-même, car l'auteur ne le fait pas pour nous. Puis il y a eu un moment où je me suis accrochée à l'histoire de ces trois jeunes et de leurs familles. J'ai "marché dans la combine". J'ai détesté Maxime & j'ai croisé les doigts pour Rouslan et Andrei, j'ai eu peur qu'ils se fassent prendre par la police; & j'aurais préféré que Dmitri ne reste pas là à rien faire, j'aurais tant aimé qu'il intervienne!

J'ai retenu une citation qui pour moi est très représentative de l'image que je me fait de la Russie à travers tout ce que j'ai lu ( puisque je n'y suis jamais allée), une image avec un quelquechose de spécial, sur lequel je n'arrive pas à mettre de mots..

" Les avenues s'appellent des perspectives."

Une autre citation qui m'a donné envie de la mettre en exergue, je ne sais pas si elle prend son sens poétique, étendue comme ça sur le fond blanc d'un blog, mais je l'aime, alors je la copie, au moins pour moi...

 " La probabilité pour un soldat déserteur de rencontrer un voleur et de l'embrasser dans la nuit de Pétersbourg est infime."

Voilà un petit roman (moins de 200 pages!) qui se lit très vite et laisse des impressions durables, avec ses personnages à vif, dont on aimerait tant changer la destinée.



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